Le Qi Gong

Qi calligraphié par le Grand Maître Wang Bo

Le Qi Gong (qì gōng/气功): Introduction théorique

Le Qi Gong est un terme générique, récent (années1950), utilisé pour regrouper des exercices dans lesquels la notion de Qi est mise au premier plan.

Ce terme est composé de l’idéogramme qì/气 (énergie, souffle, élan vital…) et de Gong (pratique, étude, maîtrise…), soit une pratique basée sur la recherche de compréhension et d’expérimentation du concept Qi.

Si le terme Qi Gong est récent, les différentes pratiques auxquelles il fait allusion sont elles, parfois très anciennes.

Le concept cosmologique de Qi ayant influencé toutes les pratiques chinoises, les grands courants de pensée de la Chine antique n’y ont pas échappé. C’est pourquoi on retrouve aujourd’hui, imbriquées, des pratiques psycho-corporelles extrêmement diverses d’influence taoïste, confucéenne ou bouddhiste et répondant à cette même appellation.

Prétendre pratiquer « Le Qi Gong » comme une pratique unitaire, revient quasiment à dire je fais de la cuisine (même chinoise) ; il existe quelques points communs, mais des recettes extrêmement variées !

Ces pratiques ont également eut, au cours de l’histoire, des connotations différentes bien que, dans la réalité, fréquemment imbriquées :

– spirituelle (jīng shén/ 精神):  recherche d’augmentation du champ de conscience, amélioration des qualités morales,….

– préventive (yáng shēn/ 养身) : amélioration des capacités physiques, entretien de la vitalité…

– curative (zhì liǎo/ 治疗) :soin de parties malades, compréhension de la circulation énergétique dans le but de soigner…

– martiale (wú gōng/武功) : développement dans le but d’être plus efficace, renforcement de parties du corps pour le combat…

-…

Les appellations utilisées pour nommer ces exercices ont changé au fur et à mesure de l’histoire.

Trois des plus remarquables qui ont perduré sont dǎo yǐn shù/ 导引术 (Discipline de Guider et Conduire), tǔ nà shù / 吐纳术( Discipline d’Expulser et Absorber) et jìng zùo/ 静坐(Calme et Immobile- méditation).

Ces trois termes sont remarquables car ils font appel à trois concepts essentiels :

le Qi est guidé et conduit par l’usage correct de la pensée, les mouvements du Qi sont intimement liés à l’usage correct des fonctions d’ouverture et fermeture du corps (fonctions respiratoires dans un sens large), le Qi se régule de lui-même lorsque l’esprit est ramené dans un état de calme et d’immobilité (assise intérieure).

Comme nous venons de le voir les fondements tout comme la recherche sont extrêmement variés.

Il en est de même au niveau de leur mise en pratique.

Une séparation simple, en deux grands groupes, peut être proposée:

-Le premier contient les exercices qui sont pratiqués de façon statique (jìng gōng / 静功), dans une posture définie (allongé, assis, debout, sur une jambe…). On fait appel à la concentration et à l’intention (yì /意) pour mobiliser le Qi. Ce type de travail peut être qualifié de « méditatif ». Cette forme d’étude est très utile pour construire une structure énergétique, élargir son champ de conscience ou encore accéder à un état de relaxation profond.

On y recherche le mouvement dans l’immobilité.

-Le second se compose d’une multitude d’exercices exécutés en mouvement (dòng gōng / 动功). Dans ce groupe peuvent être réunies les techniques d’étirements, d’assouplissements, d’enchaînements de postures, codifiés ou non, martiaux ou non ; mais aussi les nombreuses techniques d’auto-massage, de percussion des points vitaux et renforcement des différentes zones du corps. Ces exercices, dont la complexité peut s’avérer extrêmement variable, peuvent êtres pour améliorer et entretenir les différentes fonctions corporelles (cardio-respiratoires, digestives, locomotrices…),  préparer le corps pour des pratiques martiales (endurcissement, compréhension de l’essence du mouvement…) ou encore évacuer le stress et détendre l’esprit.

On y recherche l’immobilité  dans le mouvement.

La Chine, au cours de sa longue histoire médicale, a vu nombre de ses médecins combiner techniques curatives et préventives. Eux-mêmes souvent adeptes de pratiques psycho-corporelles , il n’est pas rare qu’ils les aient utilisées pour soigner ou prévenir les maladies de leurs patients.

Un des exemples des plus connus et anciens de cette imbrication des genres, est le célèbre Jeu des Cinq Animaux (wǔ qǐn xì / 五禽戏) attribué au médecin Hua Tuo (huǎ tuǒ/ 华佗), considéré entre autre père de la chirurgie et  qui vécu au début de notre ère, sous la dynastie des Han Postérieurs.

Ces mouvements, s’inspirant de la vitalité particulière de cinq animaux, visent à entretenir le corps et réguler les cinq mouvements ou éléments (wǔ xíng/五行). Cet exercice très complet, combine des mouvements dynamiques et statiques, codifiés et spontanés, des visualisations, des auto-massages…

C’est un bel exemple de la diversité contenue sous l’appellation Qi Gong.

Au sein de la famille Wang, trois préceptes résument l’ensemble de la recherche : apaiser l’esprit (ān shén/ 安神), entretenir la vitalité (yáng shēn/ 养身), trouver la complémentarité entre art et martial (wén wǔ shuāng quǎn/ 文武双全).

Voici le nom des principaux Qi Gong pratiqués dans la famille Wang :

*Assise calme (jìng zùo/ 静坐) Travail de l’intention et apaisement du coeur

– Méditation sans objet  (jìng chán / 静禅)

– Grande et petite circulation celeste (dà xiǎo zōu tiān/ 大小周天)

Le Grand Maître Wang Bo

*Entretien de la santé (yáng shēn/ 养身)

– Douze pièces de brocart (shī èr duàn jǐn/ 十二段锦)

– Huit pièces de brocart (bā duàn jǐn/ 八段锦)

– Jeu des Cinq Animaux (wǔ qǐn xì / 五禽戏)

*Etude des bases (jī běn gōng/基本功)

Maître Yang Cantegrit Wang

– Auto-massages (zì wǒ àn mǒ/ 自我按摩)

– Pratique des frappes et percussions sur points vitaux (pāi dǎ qì xùe gōng /拍打氣穴功)

– Pratique des noeuds et barrières (guān jié gōng/ 关节功)

– Étude de la mise en tension de la force élastique (duì lā tǎn jìn gōng/对拉弹劲功)

– Étude de la mise en tension des forces contraires pour la souplesse et le relâchement (duì lā sōng róu gōng/对拉松柔功)

– Étude de l’énergie enroulée en fil de soie et de la transformation souple (chán sī róu huà gōng/ 缠丝柔化功)

– Méthode pour apaiser le coeur en ouvrant les os (shū xīn zhǎn gǔ fǎ/ 舒心展骨法).

– Pratique des fondamentaux (yào lǐn gōng/要领功)

*Pratiques et méthodes Martiales (wǔ fǎ gōng/武法功 )

Techniques spécifiques pour la pratique martiale, TaiJi Quan, BaGua Zhang, XingYi Quan, SongXi Pai NeiJia Quan…

Le Grand Maître Wang Bo et son disciple